L'extraordinaire histoire du château d'Andone

Publié le par Archéospéléo du Mellois

Une conférence de Luc Bourgeois et Philippe Migaud

 

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Dans le cadre du cycle de conférences sur l'archéologie du moyen-âge organisé par la SASM, Luc Bourgeois, maître de conférences au CESCM de l'université de Poitiers, a donné samedi 5 juin, dans la salle du musée des mines, devant un public captivé, une conférence passionnante sur un site exceptionnel : une résidence comtale de la fin de l'époque carolingienne.

 

 

Andone fibule germanique

une fibule (broche pour les vêtements) de style bavarois

 

 

  "Moi, Guillaume, comte, il m'est venu à l'idée d'édifier un château appelé Montignac, à la place du château d'Andone." C'est ainsi qu'entre 1020 et 1028 le vieux comte Guillaume IV d'Angoulême annonce l'abandon du château d'Andone, construit par son père Arnaud Manzer une soixantaine d'années plus tôt. Le site abandonné ne fut jamais réoccupé.

  A la fin des années 60 ces quelques mots attirent l'attention du médiéviste André Debord, spécialiste des châteaux charentais. On connaissait le lieu, qui avait conservé au cours des siècles le nom de "motte d'Andone" : une butte couverte de chênes, où quelques pans de murs écroulés émergeaient encore de la végétation. Un château comtal préservé par la forêt depuis un millénaire, c'est pour un archéologue la promesse d'une fabuleuse mine de renseignements.
   En 1971 commencent quarante ans de fouilles et de recherches. André Debord, mort en 1996, n'a pu achever son œuvre. Luc Bourgeois a repris l'étude du site, et vient de publier une magnifique synthèse : "une résidence des comtes d'Angoulême autour de l'an mil, le castrum d'Andone" (2009).

 

andone plan de fouille


  L'interprétation des vestiges et l’analyse du mobilier (des milliers d'objets et de débris, depuis le fer à cheval ou la crotte de chien jusqu'à la pièce de jeu d'échecs.) permettent de reconstituer l'organisation interne du château et de retracer la vie de ses habitants.

 

 

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L'analyse archéologique est souvent éclairée par l'enquête historique. Ainsi les fouilleurs furent-ils très surpris un jour d'identifier un fragment d'une poterie de luxe fabriquée en Syrie, et inconnue en Europe. Or il se trouve qu'au moment de l'abandon du château Guillaume IV revenait d'un pèlerinage à Jérusalem. Souvenir de voyage ?
 
  Philippe Migaud a étudié les ossements d'animaux trouvés sur le site : animaux de compagnie, animaux de consommation, animaux de travail. Les chevaux d'Andone n'étaient pas encore les énormes destriers de la fin du moyen-âge ; ils étaient plus petits que nos chevaux actuels, mais déjà plus grands que tous ceux des époques précédentes. On leur témoignait un certain respect, puisqu’on évitait de les manger. Quant à l’âne, loin de ressembler à nos baudets du Poitou, il était petit et gracile. Il y avait aussi une mule, dont les articulations usées témoignent d’une dure vie de travail pénible.

  A l'issue de ces deux brillants exposés le public a posé de nombreuses questions.

Samedi 12 juin :

  Samedi  12 juin, dans la salle du musée des mines, deux archéologues viendront nous parler des résultats étonnants de leurs fouilles, près de l’église de Faye-sur-Ardin pour Emmanuel Barbier (INRAP), près de l’église de Saint-Génard pour Gérard Bodin (SASM) et Patrick Bouvart (HADES) : deux sites comparables et cependant très différents. Conférence ouverte au public, entrée gratuite.

Publié dans SASM

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